dimanche 25 novembre 2007

My heart will go on...

Le Titanic, c'était un putain de gros bateau, hyper solide, hyper stable. Un insubmersible. Un paquebot fait pour voguer aux confins des mers de ce monde, capable de transporter des tas de gens, mais alors, des tas. C'était un peu l'arche de Noé de l'humanité : et que je t'embarque un petit couple de retraité, un émigré malien, un rupin en smoking, une gentille petite femme de chambre toute ronde. Tous les types d'humains avaient la possiblité de l'aborder, les grands, les petits, les beaux, les laids, les gentils et même les méchants. C'est qu'il y en avait de l'espace, là-dedans ; non pas que le paquebot fût vide et creux, mais plutôt qu'il avait le coeur trop grand.
Il avait peur de rien, ce navire. Il aurait pu s'appeler "Le Redoutable". Il ne craignait ni les requins, ni les baleines, ni même les glaces de l'Antarctique. Il était capable de repousser les attaques de tous les pirates ; car si on s'y installait aisément lorsqu'il était à quai, il ne se laissait pas aborder inopportunément quand il croisait dans les mers lointaines. Non mais, il ne mangeait pas de ce pain-là, le Titanic !
Pour son premier grand voyage, il était plutôt confiant. Le vaillant petit paquebot croisait fièrement au large du Canada. Rien ne pouvait lui arriver, il était la stabilité même. Et puis ses gros moteurs l'auraient tiré de n'importe quel écueil. Il se croyait fort ! prétentieuse coquille de noix qui se fracassa contre un énorme iceberg. Et il a coulé, le rafiot, flingué net envoyé vingt mille lieues sous les mers par une truffe d'iceberg même pas si impressionnant que ça. Plus moyen de retrouver sa flottabilité.
Du fond des mers où il repose à présent, l'insubmersible Titanic a tout loisir de contempler son iceberg et son incroyable partie immergée.

mercredi 7 novembre 2007

Dis-moi où t'habites...

Dans mon île, il y a un village qui s'appelle La Confiance, et je n'habite pas sur une carte du Tendre, loin s'en faut. Dans ma mémoire, il y a une chanson d'eglise que je me chante à chaque fois que j'y passe ; ça fait : "trouver dans ma vie ta présence / tenir une lampe allumée / choisir d'habiter la confiance / aimer et se savoir aimer". Eh oui, sans être baptisée, avec un père chrétien et une mère musulmane, je connais quand même des chansons pieuses, restes de ma scolarisation dans le privé catholique... C'est ça aussi, la culture !
J'aime bien les paroles de cette chanson, je trouve que ça fait pas trop bigot et que c'est même une jolie chanson d'amour. J'aime me la chanter à tue-tête tout le temps que je traverse cet écart de Saint-Benoit, heureusement pour la météo, fort petit. De toute façon, c'est dans l'Est de l'île et il pleut beaucoup par là-bas, alors : pas de scrupule !

Oui, je trouve ça beau comme expression "choisir d'habiter la confiance". Marie-Benedicte a fait ce choix . Elle avait là une jolie petite case en bois sous tôle, avec un manguier et un pied de letchi dont les branches ployaient sous les fruits dès la fin novembre. Qu'elle était bien dans mon ti bout de paradis ! Elle aimait des choses simples, faire la sieste quand la pluie tambourinait sur le toit de tôle en été, regarder les mangues grandir et grossir à partir du mois d'août. C'était un petit bonheur simple que sa vie à La Confiance, mais c'était son bonheur et elle le protégeait comme un trésor de prix, elle aurait tout donné pour que ce "ti bonnér" dure toute la vie.
Puis elle a dû déménager parce qu'au fond, ça craint quand même un peu, ce bled. Quand tout va bien, on finit pas s'ennuyer... Et puis il y avait un drôle de mec dans son quartier, il avait rien à foutre là, il faisait rien que de polluer son joli village sous les nuages (vu que je chante sà chaque fois que j'y passe). Lui, il avait pas choisi d'habiter la confiance, il avait choisi d'en profiter, d'en user et d'en abuser. Pas bien.
Alors Marie-Benedicte a empaqueté ses petites affaires, elle a pris son baluchon, salué le manguier et le pied de letchi. Elle a refermé la porte de sa case, elle qui était toujours ouverte n'a rien compris à ce changement subit. Elle a descendu la pente, quitté les nuages et a retrouvé la côte.
Elle s'est installée dans un abri de fortune, près de l'océan, à l'embouchure d'une ravine. L'océan est mauvais comme tout , sombre et profond, plein de courants imprévisibles. Y a même des putains de requins qui croisent trop près du bord et qu'attendent juste que tu foutes un pied à la baille pour te le bouffer. Marie-Bénédicte n'y est pas si mal, finalement. Elle passe ses journées à regarder l'océan en pensant à l'odeur des mangues tombées de l'arbre, au bruit de la pluie sur la tôle. Ses souvenirs lui tiennent lieu de vie.
Si vous la croisez, ne lui demandez pas comment elle est arrivée là ; elle n'en sait rien.

dimanche 4 novembre 2007

Comment on bascule du côté obscur...

Qui n'a jamais proféré cette promesse "Promis, plus jamais, je referai plus jamais"? Qui ? je vous le demande. Je crois bien que chacun d'entre nous a un jour prononcé ces quelques mots funestes. Pour la plupart, cela date de l'enfance, remonte à des moments où notre mère après nous avoir bien grondés ou même fessés pour certains, nous demandait d'un air mi-sévère mi-apitoyé de faire ce serment, de promettre de ne pas recommencer. Tous, entre deux sanglots sincères, nous avons juré nos grands dieux de ne plus jamais faire de peine à notre maman. Et à moins d'être des pervers polymorphes nous étions tous dans ces moments-là les plus sincères du monde.
C'est en partie ainsi que nombre d'entre nous a appris l'honnêteté, la sincérité, le respect et le sacro saint principe qui a aussi sa place dans le monde laïque : ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse et patati et patata. C'est souvent la première prise de conscience du mal qu'on peut causer. Cette expérience se fait dans la douleur de voir l'autre souffrir sauf si l'on est le pervers proteiforme dont j'ai parlé plus haut (dans ce cas on devient ivre de la puissance éprouvée du mal qu'on peut répandre autour de soi). Il est notable que ce type d'individu a toutes les qualités pour faire une carrière retentissante chez Marvel ou Top Cow en tant que super méchant.
Mais revenons aux agneaux que nous étions alors... nous étions jeunes et innocents, vous vous rappelez ? (je ne te parle pas à toi, le dévoyé !) Jamais nos promesses ne furent plus sincères, notre engagement plus authentique. C'est ainsi que nous avons choisi le bon côté de la force ; car nous nous engagions auprès de notre maman et aussi du monde entier à faire le bien autour de nous pour ne plus jamais attrister qui que ce soit avec nos bêtises.
Puis nous avons recommencé, mais en cachette cette fois car la vision de notre maman peinée nous était devenue insupportable. Et c'est ainsi que le vice s'est insinué en nous, avec l'intelligence perverse qui est sa fidèle alliée. Comme c'est paradoxal ! c'est le désir de ne pas faire de mal qui nous fait basculer du côté obscur...
Baste ! Cessons d'être faussement naif et avouons-le franchement : l'attrait pour les bêtises est plus grand que celui pour le bien. L'amour du risque est plus fort que celui qu'on peut avoir pour un autre être humain, quel qu'il soit.
Beaucoup d'adultes souffrent encore de ce mal enfantin qui consiste à faire quelque chose de mal, à le cacher, à promettre sincèrement de ne plus recommencer, et à recommencer mais en le cachant encore mieux. Pas la peine de vous faire un dessin. Nous sommes tous des super méchants en puissance.

samedi 3 novembre 2007

Trop fâchée.

Faire la gueule, tirer la tronche, bouder... c'est quelque chose que tout le monde fait, souvent. Il y a de véritables champions dans cette catégorie, des gens capables de ne décocher ni un regard ni un sourire pendant des jours et des jours. La mine sans cesse renfrognée ils expriment ainsi leur désaccord, leur mécontentement, leur fâcherie. Ces athlètes du quotidien savent manier le sarcasme à chaque parole, le lancer sur les roses n'a aucun secret pour eux ; ce sont des virtuoses du silence obstiné. Les petits veinards.
Moi, je crois bien que je manque d'entraînement dans ce domaine. Je suis handicapée du tirage de gueule au long cours. Il n'y a rien à faire, je n'y arrive pas. Je tire la tronche un moment, puis j'ai besoin de parler, de sourire, de vivre normalement et vlan ! je ne tire plus la tronche. Mon cerveau de poule est incapable de rester suffisamment concentré pour me permettre d'afficher une trombine de carême assez longtemps pour qu'on comprenne que je suis fâchée. C'est vrai, faut être hyper attentif pour garder l'air mécontent et le silence tout le temps. Je suis en train de m'apercevoir que je suis une petite ecervelée. Flûte, moi qui pensais être une fille plutôt intelligente, ça m'en bouche un coin, et pas un petit !
Le problème, quand on manque de discipline, c'est qu'on risque de n'être pas pris au sérieux, soi et son mécontentement. C'est vrai, quoi, quelqu'un qui fait la gueule seulement cinq minutes par jour, c'est pas quelqu'un qui fait la gueule ! L'habit fait le moine : si t'as pas l'air fâché, t'es pas fâché ! Et mon c** c'est du jambon ! Alors, pour rappeler que je suis très en colère, je suis obligée de casser l'ambiance de temps en temps, de refroidir l'atmosphère régulièrement. C'est vraiment fatiguant. Faut tout le temps se surveiller.
Me voilà donc ce soir à établir ce triste constat : je suis handicapée de la bouderie. La mise en scène de mon mécontentement, c'est pas mon truc. Les boules. Faut dire que bouder, c'est cruel et ça ne fait pas avancer le schmilblick (ici un hommage discret mais appuyé à Pierre Dac). Mais parler et sourire comme avant, ça peut faire croire que tout va bien alors que tout va mal. Ah ! que de paradoxes ! Je ne sais plus où donner de la tête ! La faire ou ne pas la faire, la tête ? telle est la question. Je ne maîtrise plus ni ma tête ni mon corps.
Faut que je me refasse un petit mantra... qui veut du gâteau ?