mardi 17 mars 2009

Défense et Illustration de la langue française

Parmi toutes les expressions imagées de notre belle langue, il en est une qui me plait particulièrement, dont je me délecte régulièrement. Cette expression est certes un brin triviale, d'aucun mauvais coucheurs la qualifieront de vulgaire... moi je la trouve tout simplement ... expressive, forte, percutante, pertinente malgré une tendance à l'opacité pour certains. Ceux qui n'ont pas une once de poésie, d'ironie ou d'humour dans leur vie (et ils sont légion) ne la comprennent tout bonnement pas et m'ouvrent de grand yeux effarés lorsque, tel un diamant brut, elle choit de mes lèvres. C'est là d'ailleurs un de mes grands plaisirs : prononcer cette expression face à des gens dont je sais qu'elle coupera le souffle pendant une ou deux secondes. Cette expression merveilleuse a le talent, lorsqu'elle tombe dans une oreille, de faire béer la bouche.
Cette expression, je vous la livre brut de brut, attention Ginette, accroche-toi à ta petite culotte, c'est....

"Touche à ton cul t'auras des verrues"

Eh oui, cette petite expression toute simplette en même un peu enfantine peut choquer certains tenants de la bonne morale. Quand je la prononce, on me regarde en coin, souvent l'on sourit un peu d'un air de dire "Ah, cette Miette, elle n'a aucune idée des bienséances et des niveaux de langue, mais elle nous fait bien rigoler".
Il arrive aussi que mon interlocuteur me fixe un instant, craignant d'avoir mal saisi ce qui vient de sortir de ma bouche... c'est là que je commence à jubiler... car le quidam qui m'interroge des prunelles n'a en général jamais encore ouï cette expression et se demande, pour sûr, pourquoi je lui parle de son cul ! eh oui, les gens auxquels je parle n'ont en général pas un pet de mouche de second degré. Je les vois qui se demandent comment je sais qu'ils ont au cul des verrues, ce dont à vrai dire je me fiche comme d'une guigne. Parfois aussi ils sont outrés : "Moi ? toucher mon cul ? ah non, jamais ! "
Après les quelques secondes de silence interrogateur ou choqué que j'ai laissées filer avec un plaisir sans pareil, je reprends la conversation en souriant ; parfois je vais jusqu'à expliciter l'emploi de cette expression qui ne signifie rien d'autre que "c'est cela oui", "tu peux toujours courir" ou "tu me prends pour une idiote ?". Mais je dois avouer que la reprise à but explicatif que je fais de mon expression favorite est en général plutôt ironique, de manière que mon interlocuteur, rasséréné (il a compris que je ne lui parle pas de ce cul qu'il ne touche pas de peur d'avoir des verrues), ne se sente nullement agressé par mon refus ou la fin de non recevoir que je lui oppose.

Bref, je vais mettre un terme à mes élucubrations. On peut penser que je n'avais pas grand chose à dire aujourd'hui. C'est peut-être vrai. J'avais juste envie de discourir sur notre belle langue et sur les possibilités qu'elle offre.