vendredi 7 décembre 2007

tro(p) picalisée

Dans 17 jours, je m'envole pour la métropole, rien qu'à y penser, un frisson glacé me parcoure l'échine. J'essaie de me rappeler l'hiver... Les voitures à gratter le matin, brrrrrrr ; ça, c'était vraiment de la torture ! histoire de me rappeler un peu ce que ça faisait, j'ouvre le congélateur et ... eh merde ! ce putain de frigo trop moderne diffuse un froid sec ! donc, pas d'entrainement au grattage de bagnole dans le congélo. Ca me contrarie au plus haut point. Tant pis, de toute façon, j'aurais surement aimé ça ; c'est rafraîchissant... ben ouai, ici c'est le début de l'été austral, on commence à avoir hyper chaud, surtout en classe parce que la clim, c'est pour l'administration et le cdi, les gamins et leurs profs, ils ont qu'à suer, ces faineants !
Bon, qu'est-ce que je peux faire alors pour me préparer.... je peux rassembler les trois fringues un peu chaudes qui nourrissent les mites dans le placard, les passer sur moi, et enfiler par dessus la magnifique parka bien chaude que la Redoute vient de me livrer... mais dans quel interêt ? je vais juste suer comme un cochon... c'est au froid que je dois me préparer, pas à supporter la chaleur.
Oui, je sais ! la chambre de mon fils va bientot être dotée d'une clim toute neuve, je vais la pousser à fond et me mettre dessous... histoire de voir si je suis encore capable de supporter des températures en dessous de 20°c... pas gagné.
Faut que je me résigne, il na va pas y avoir moyen que je m'entraîne avant le grand départ. Alors je m'assieds sur le canapé et je profite de l'air du soir.

Putain, ça va faire trois ans que je ne suis pas "rentrée"... je ne peux même plus dire "rentrer" parce que ce n'est plus vraiment chez moi. Là-bas, le ciel toujours gris pèse comme un couvercle, c'est la vérité, je pense à Baudelaire chaque fois que mon avion atterit à Paris et que mes yeux entrouverts cherchent par les baies vitrées de l'aeroport une raison de s'ouvrir. Ca manque grave de couleurs, de ciel bleu, de fleurs, de mer et de montagne aux sommets ennuagés. Bref, c'est triste à regarder. Triste comme les gens qui font la gueule et qui courent après je ne sais quoi toute la journée.
J'ai perdu ce rythme, je ne sais plus marcher à 100 à l'heure, je ne sais plus m'enerver à chaque fois que quelque chose ralenti dans mon quotidien. Ici, on laisse passer les autres usagers de la route, même s'ils sont en tort. On se fait des signes de la main pour signifier qu'on veut passer, pour remercier celui qui a ralenti ou s'est arrêté pour vous et pour être poli avec celui qui vous a remercié parce que vous l'avez laissé passer. Eh oui, on conduit avec une main à l'extérieur ou levée près du retroviseur. On se sourit aussi, que ce soit pour qu'on nous laisse passer, pour laisser passer, pour remercier ou pour montrer qu'on a remarqué un geste de remerciement. Les appels de phare ne signifient pas "pauvre con avance où je te pousse dans le fossé" mais "passez donc, je vous ai vu, je ralentis pour vous". A ce regime depuis presque 6 ans, vous comprendrez bien que je suis devenue une inadaptée de la route métropolitaine... je m'entraîne dores et dejà à plier l'index, l'annulaire et l'auriculaire lorsque je remercie un automobiliste en articulant "je t'encule sec avec du gravier" plutôt que le "merci" habituel.
Quand je suis à pied, je me force à raser les murs, non pas pour chercher de l'ombre mais pour m'habituer à laisser passer ces cons de Parisiens hyper pressés qui n'hésiteraient pas à nous envoyer dans le décor moi, ma poussette et le bébé qu'elle contient.
Se déplacer en métropole relève en effet d'une lutte de pouvoir pour l'appropriation d'un espace ; le plus gros, le plus agressif a la plus grosse place alors que celle-ci devrait revenir au plus fragile qui présentement se retrouve à s'écorcher aux façades ternes des immeubles hausmanniens, poussé dans la frange par ses contemporains descendants d'Attila.
Fidèle à l'esprit du Tao, j'opterai pour la resistance passive. Avec l'armure de mes 12 couches de pull et de ma parka hyper rembourrée, je ne craindrai ni le froid ni les bousculades, ils pourront toujours me pousser, ils ne feront que rebondir sur ma moelleuse carapace.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Quand c'est trop, c'est Tropico!

Suivre son rythme et pas celui des grandes transhumances qui ne se déplacent et ne pensent qu'en troupeaux, voilà une bonne résolution.
En rebondisant sur ta mouelleuse carapace, peut-être certains trouveront-ils un peu de douceur dans ce monde de brutes...
Bizzzzzzzzzzz
PS: effectivement, bon courage pour le choc des températures après celui des civilisations!

Anonyme a dit…

Oui, mais pas de flammeckuches, de superbes marchés de noël! Et puis, tu vas voir le tram en activité et bien d'autres changements... Je suis sûr que Thanou va être ravi .

ramasse-miette a dit…

Sans doute ! mais quand on arrivera, les marchés de noel seront terminés... tant pis ! mais Thanou sera quand même ravi... il est toujours ravi ! (normal, c'est mon fils)
Bises

iwantoclosethat a dit…

Tu es ou? Dans les Antilles? :O)

ramasse-miette a dit…

@Poudre : perdu ! essaye encore !