Il fallut bien sûr passer chez le coiffeur avant d’aller déjeuner.
Alors qu’elles étaient attablées devant un pavé d’autruche bien cuit et un tartare de boeuf, Mary annonça à sa nièce la suite des réjouissances :
Alors ma chérie, cet après-midi, on va faire un peu de shopping, tu as bien besoin d’être relookée, tu t’habilles comme une mémé et ce soir, tu appelles une de tes amies - tu as bien des amies, non ? - et on sort entre filles.
Quel programme ! mais pour ce soir, je ne sais pas... Benoît aura passé la journée avec les enfants, il voudra peut-être sortir.
On verra ça avec lui tout à l’heure, termina Marie. On se prend un petit dessert ?
Je vais essayer d’appeler Luce. Elle va te plaire, c’est ma seule copine célibataire. Elle a divorcé il y a deux ans et elle adore faire la fête.
Le serveur arriva, un jeune homme à la peau chocolat et au sourire éclatant. Marie commença à badiner avec lui et finit par lui laisser un numéro de téléphone, faux.
Alors là, je ne comprends pas, s’étonna Betty, tu le dragues autant que tu peux et tu lui donnes un faux numéro ! Il faut que tu m’expliques. Tu n’es pas le genre de femme à ne pas aller au bout de ce que tu entreprends....
Détends-toi ma chérie... c’est pour consommer sur place.
Sur ces mots, Marie se leva, ébouriffa sa crinière, reposa théâtralement sa serviette sur la table et se dirigea vers les toilettes, non sans jeter au serveur une oeillade appuyée, plus qu’évocatrice.
Betty profita de l’absence de sa tante pour appeler rapidement son époux, qui pour une fois ne s’offusqua pas qu’elle abandonnât ainsi le domicile familial et passer un deuxième coup de fil un peu plus long à sa meilleure amie.
Luce était la personne qui connaissait le mieux Betty au monde. Elles s’étaient rencontrées sur les bancs de l’université et depuis elles ne s’étaient plus quittées. Luce était devenue journaliste au quotidien local et Betty avait bien vite renoncé à toute ambition professionnelle au profit de son foyer. Elles s’étaient confié tous leurs secrets, leurs déceptions, leurs espoirs. Luce était une des seules personnes à connaître l’existence de Marie, son métier et le lien qui l’unissait à sa nièce. Elle accepta avec grand plaisir l’invitation pour la soirée et leur donna rendez-vous dans le seul bar branché de la petite ville : le Malone’s.
Un quart d’heure plus tard, Marie revint s’installer à table. Elle but d’un trait son verre d’eau, soupira et lâcha :
Tu n’imagines même pas ce que je viens d’avoir dans la bouche !
Betty baissa la tête, elle sentait qu’elle rougissait. Elle aurait aimé disparaître sous la table tellement elle avait honte. En même temps, elle fut saisie d’un rire nerveux qui secouait tout le haut de son corps et de temps en temps elle poussait un petit cri aigü, reste d’éclat de rire qui surgissait bien malgré elle.
Arrête ! Tout le monde te regarde, la sermonna Marie en souriant.
D’un geste, elle appela le serveur, régla l’addition et laissa un pourboire généreux, sans doute pour le service attentionné dont elle avait été bénéficiaire.
lundi 14 mai 2012
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