lundi 4 juillet 2011

Numquamne familia mea quieta erit ? Episode 7

Quelques dix jours après la résurrection fugace de la passion conjugale, le calme mâtiné d’amertume qui faisait le quotidien de la famille s’était réinstallé. Un soir, alors que Betty, particulièrement fatiguée par la gestion de sa famille et le zèle qu’elle mettait à formater sa tante au milieu bourgeois, était montée se coucher avec un roman, Benoît partageait un dernier verre avec celle que les enfants appelaient désormais «tata mimi». Le chassagne-montrachet mêlait ses arômes de miel et d’amande à l’éclat des yeux de Marie. L’esprit embrumé de Benoît se plaisait à voguer vers le vert paradis des amours enfantines, qui correspondait pour lui à la belle époque de l’ex-actrice porno. Après avoir épuisé les sujets les plus courants, les enfants, la famille, la discussion se porta sur le métier de Benoît puis tout naturellement, dans un esprit de réciprocité propre aux bavardages mondains, sur la profession de Marie.
Elle, qui se voyait actrice et artiste, répondait sans pudeur aux questions de son presque neveu. Elle lui racontait ses meilleurs moments, les pires, les douleurs et les fous-rires. Les lieux de tournage les plus beaux comme certaines plages de Guadeloupe et les plus incongrus comme le chantier naval de Saint Nazaire. Elle lui parla des prises de bec entre actrices et des rivalités, des mesquineries et autres coups en douce qu’elles pouvaient se faire. Elle raconta aussi les mycoses et autres champignons. Elle raconta encore les performances : le pipi, le caca, les accessoires inimaginables comme les fucking-machines, les positions acrobatiques que seules quelques unes étaient capables de tenir. Elle avait aimé cette vie sous les projecteurs, elle avait mené une brillante carrière.
Elle raconta aussi l’amour, mais sans entrer dans les détails. Elle savait que Julien avait été son plus grand bonheur et sa plus terrible souffrance. Il fallait juste l’oublier.
Comme elle évoquait cette amour défunte, une larme de vin blanc perla au coin de son oeil. Benoît y vit une invitation à la consoler. L’oeil concupiscent mais la main amicale, il prit Marie par l’épaule et la laissa s’épancher contre son buste. Elle se laissa aller à pleurer franchement, ce qu’elle n’avait pas fait depuis des années en présence d’un autre être humain. Alors, encouragé par l’alcool, il la caressa avec plus d’insistance et moins d’amitié. Lorsqu’il tenta de glisser son doigt dans sa culotte, par-dessous la micro jupe, Marie eut une sorte de haut le corps, se recula d’un coup, éberluée, et, pleurant de plus belle, courut jusque dans sa chambre. Benoît n’y comprenait rien : c’était bien la première salope qui ne se laissait pas faire. Fort du pouvoir de son sexe, il lécha le doigt duquel il avait touché son rêve et se servit le fond de la bouteille avant d’aller rejoindre le lit conjugal.

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