Aujourd'hui, je me tais... je laisse parler un certain Umberto Eco... (là)
C'est un texte édifiant, drôle, pertinent.. sur les bibliothèques.
Allez ! cultivez-vous !
vendredi 14 décembre 2007
dimanche 9 décembre 2007
Les nouveaux chevaliers teutoniques
Dans l'Ocean Indien, la télévision hertzienne ne diffuse que trois chaines : RFO, Antenne Reunion et Tempo. Les deux premières proposent le meilleur du pire des chaines métropolitaines publiques et privées ; la troisième offre une selection plus culturelle d'émissions de chaines publiques, d'Arte et de la Cinq. Tout cela pour vous dire que je n'avais pas vraiment le choix ce soir-là, quand, avachie sur le canapé, pétrie de fatigue, je me suis retrouvée à regarder la Star Ac' pour liberer les tensions douloureuses de mon esprit tumultueux et achever de liquefier mes neurones quasi dissous dans l'acide de mes tracas quotidiens.
Bref, j'arrête de me justifier, je regardais donc ce programme de variétés et jugez-moi puis pendouillez-moi ensuite si ça vous amuse, je regardais quand-même et ça ne fait pas de moi une abrutie decerébrée même si je suis sure que les abrutis décérébrés sont en général des gens plutôt heureux.
Je m'abrutissais donc délicieusement devant le programme prévu à cet effet lorsque j'ai vu apparaître sur scène le fameux groupe à groupies du moment : Tokyo Hotel. Ach ja ! la foule stridente d'adolescentes en boutons débordait d'enthousiasme. Moi, interpelée dans ma curiosité, je me redresse mollement et qu'aperçois-je dans mon petit écran ? Quatre ados proprets, au look soigneusemet étudié et pas franchement plus vieux que le screamin' public en fureur.
Ben ouai, je les ai trouvés un peu trop polis, policés, fabriqués, léchés, les petits révoltés déchainés. L'hermaphrodite qui chante a tout du brave petit qui a laissé ses soeurs le prendre pour poupée et n'a d'audace que capillaire. Le guitariste est issu de la rencontre surréaliste d'un jeune clochard à dread locks (je vais quand-même pas meler les rasta à tout ça ), d'un punk-à-chien comme on en voyait dans les années 80 et d'un petit rappeur de banlieue en baggy acheté par maman aux galeries Lafayettes rayon teenagers. Bref, pas de quoi se taper le cul par terre ni même se le trouer. Decevant. Un pur produit de consommation monté de toutes pièces. Un jeu de scène plutôt mou, une voix banale, les Frank Mickael des ados.
Un rapport qualité-prix correct, avec toutes les normes de sécurité. C'est pas avec ça que les ados vont devenir suicidaires (sauf ceux qui ont du goût).
Si c'est ça le renouveau du hard rock teuton, les Scorpion n'ont pas à s'en faire, ils continueront à faire hocher frenetiquement les têtes chevelues et à faire danser des slows enamourés ; aucun risque d'être détronés.
Alors,déçue de n'avoir pas été frappée de plein fouet par le phénomène intergalactique Tokyo Hotel, je me suis laissée couler comme un vieux calendos au fond du canapé et j'ai fermé les yeux, l'esprit à peine chatouillé d'une vague interrogation : ch'aurais bas un beu fieilli, moi ?
Bref, j'arrête de me justifier, je regardais donc ce programme de variétés et jugez-moi puis pendouillez-moi ensuite si ça vous amuse, je regardais quand-même et ça ne fait pas de moi une abrutie decerébrée même si je suis sure que les abrutis décérébrés sont en général des gens plutôt heureux.
Je m'abrutissais donc délicieusement devant le programme prévu à cet effet lorsque j'ai vu apparaître sur scène le fameux groupe à groupies du moment : Tokyo Hotel. Ach ja ! la foule stridente d'adolescentes en boutons débordait d'enthousiasme. Moi, interpelée dans ma curiosité, je me redresse mollement et qu'aperçois-je dans mon petit écran ? Quatre ados proprets, au look soigneusemet étudié et pas franchement plus vieux que le screamin' public en fureur.
Ben ouai, je les ai trouvés un peu trop polis, policés, fabriqués, léchés, les petits révoltés déchainés. L'hermaphrodite qui chante a tout du brave petit qui a laissé ses soeurs le prendre pour poupée et n'a d'audace que capillaire. Le guitariste est issu de la rencontre surréaliste d'un jeune clochard à dread locks (je vais quand-même pas meler les rasta à tout ça ), d'un punk-à-chien comme on en voyait dans les années 80 et d'un petit rappeur de banlieue en baggy acheté par maman aux galeries Lafayettes rayon teenagers. Bref, pas de quoi se taper le cul par terre ni même se le trouer. Decevant. Un pur produit de consommation monté de toutes pièces. Un jeu de scène plutôt mou, une voix banale, les Frank Mickael des ados.
Un rapport qualité-prix correct, avec toutes les normes de sécurité. C'est pas avec ça que les ados vont devenir suicidaires (sauf ceux qui ont du goût).
Si c'est ça le renouveau du hard rock teuton, les Scorpion n'ont pas à s'en faire, ils continueront à faire hocher frenetiquement les têtes chevelues et à faire danser des slows enamourés ; aucun risque d'être détronés.
Alors,déçue de n'avoir pas été frappée de plein fouet par le phénomène intergalactique Tokyo Hotel, je me suis laissée couler comme un vieux calendos au fond du canapé et j'ai fermé les yeux, l'esprit à peine chatouillé d'une vague interrogation : ch'aurais bas un beu fieilli, moi ?
vendredi 7 décembre 2007
tro(p) picalisée
Dans 17 jours, je m'envole pour la métropole, rien qu'à y penser, un frisson glacé me parcoure l'échine. J'essaie de me rappeler l'hiver... Les voitures à gratter le matin, brrrrrrr ; ça, c'était vraiment de la torture ! histoire de me rappeler un peu ce que ça faisait, j'ouvre le congélateur et ... eh merde ! ce putain de frigo trop moderne diffuse un froid sec ! donc, pas d'entrainement au grattage de bagnole dans le congélo. Ca me contrarie au plus haut point. Tant pis, de toute façon, j'aurais surement aimé ça ; c'est rafraîchissant... ben ouai, ici c'est le début de l'été austral, on commence à avoir hyper chaud, surtout en classe parce que la clim, c'est pour l'administration et le cdi, les gamins et leurs profs, ils ont qu'à suer, ces faineants !
Bon, qu'est-ce que je peux faire alors pour me préparer.... je peux rassembler les trois fringues un peu chaudes qui nourrissent les mites dans le placard, les passer sur moi, et enfiler par dessus la magnifique parka bien chaude que la Redoute vient de me livrer... mais dans quel interêt ? je vais juste suer comme un cochon... c'est au froid que je dois me préparer, pas à supporter la chaleur.
Oui, je sais ! la chambre de mon fils va bientot être dotée d'une clim toute neuve, je vais la pousser à fond et me mettre dessous... histoire de voir si je suis encore capable de supporter des températures en dessous de 20°c... pas gagné.
Faut que je me résigne, il na va pas y avoir moyen que je m'entraîne avant le grand départ. Alors je m'assieds sur le canapé et je profite de l'air du soir.
Putain, ça va faire trois ans que je ne suis pas "rentrée"... je ne peux même plus dire "rentrer" parce que ce n'est plus vraiment chez moi. Là-bas, le ciel toujours gris pèse comme un couvercle, c'est la vérité, je pense à Baudelaire chaque fois que mon avion atterit à Paris et que mes yeux entrouverts cherchent par les baies vitrées de l'aeroport une raison de s'ouvrir. Ca manque grave de couleurs, de ciel bleu, de fleurs, de mer et de montagne aux sommets ennuagés. Bref, c'est triste à regarder. Triste comme les gens qui font la gueule et qui courent après je ne sais quoi toute la journée.
J'ai perdu ce rythme, je ne sais plus marcher à 100 à l'heure, je ne sais plus m'enerver à chaque fois que quelque chose ralenti dans mon quotidien. Ici, on laisse passer les autres usagers de la route, même s'ils sont en tort. On se fait des signes de la main pour signifier qu'on veut passer, pour remercier celui qui a ralenti ou s'est arrêté pour vous et pour être poli avec celui qui vous a remercié parce que vous l'avez laissé passer. Eh oui, on conduit avec une main à l'extérieur ou levée près du retroviseur. On se sourit aussi, que ce soit pour qu'on nous laisse passer, pour laisser passer, pour remercier ou pour montrer qu'on a remarqué un geste de remerciement. Les appels de phare ne signifient pas "pauvre con avance où je te pousse dans le fossé" mais "passez donc, je vous ai vu, je ralentis pour vous". A ce regime depuis presque 6 ans, vous comprendrez bien que je suis devenue une inadaptée de la route métropolitaine... je m'entraîne dores et dejà à plier l'index, l'annulaire et l'auriculaire lorsque je remercie un automobiliste en articulant "je t'encule sec avec du gravier" plutôt que le "merci" habituel.
Quand je suis à pied, je me force à raser les murs, non pas pour chercher de l'ombre mais pour m'habituer à laisser passer ces cons de Parisiens hyper pressés qui n'hésiteraient pas à nous envoyer dans le décor moi, ma poussette et le bébé qu'elle contient.
Se déplacer en métropole relève en effet d'une lutte de pouvoir pour l'appropriation d'un espace ; le plus gros, le plus agressif a la plus grosse place alors que celle-ci devrait revenir au plus fragile qui présentement se retrouve à s'écorcher aux façades ternes des immeubles hausmanniens, poussé dans la frange par ses contemporains descendants d'Attila.
Fidèle à l'esprit du Tao, j'opterai pour la resistance passive. Avec l'armure de mes 12 couches de pull et de ma parka hyper rembourrée, je ne craindrai ni le froid ni les bousculades, ils pourront toujours me pousser, ils ne feront que rebondir sur ma moelleuse carapace.
Bon, qu'est-ce que je peux faire alors pour me préparer.... je peux rassembler les trois fringues un peu chaudes qui nourrissent les mites dans le placard, les passer sur moi, et enfiler par dessus la magnifique parka bien chaude que la Redoute vient de me livrer... mais dans quel interêt ? je vais juste suer comme un cochon... c'est au froid que je dois me préparer, pas à supporter la chaleur.
Oui, je sais ! la chambre de mon fils va bientot être dotée d'une clim toute neuve, je vais la pousser à fond et me mettre dessous... histoire de voir si je suis encore capable de supporter des températures en dessous de 20°c... pas gagné.
Faut que je me résigne, il na va pas y avoir moyen que je m'entraîne avant le grand départ. Alors je m'assieds sur le canapé et je profite de l'air du soir.
Putain, ça va faire trois ans que je ne suis pas "rentrée"... je ne peux même plus dire "rentrer" parce que ce n'est plus vraiment chez moi. Là-bas, le ciel toujours gris pèse comme un couvercle, c'est la vérité, je pense à Baudelaire chaque fois que mon avion atterit à Paris et que mes yeux entrouverts cherchent par les baies vitrées de l'aeroport une raison de s'ouvrir. Ca manque grave de couleurs, de ciel bleu, de fleurs, de mer et de montagne aux sommets ennuagés. Bref, c'est triste à regarder. Triste comme les gens qui font la gueule et qui courent après je ne sais quoi toute la journée.
J'ai perdu ce rythme, je ne sais plus marcher à 100 à l'heure, je ne sais plus m'enerver à chaque fois que quelque chose ralenti dans mon quotidien. Ici, on laisse passer les autres usagers de la route, même s'ils sont en tort. On se fait des signes de la main pour signifier qu'on veut passer, pour remercier celui qui a ralenti ou s'est arrêté pour vous et pour être poli avec celui qui vous a remercié parce que vous l'avez laissé passer. Eh oui, on conduit avec une main à l'extérieur ou levée près du retroviseur. On se sourit aussi, que ce soit pour qu'on nous laisse passer, pour laisser passer, pour remercier ou pour montrer qu'on a remarqué un geste de remerciement. Les appels de phare ne signifient pas "pauvre con avance où je te pousse dans le fossé" mais "passez donc, je vous ai vu, je ralentis pour vous". A ce regime depuis presque 6 ans, vous comprendrez bien que je suis devenue une inadaptée de la route métropolitaine... je m'entraîne dores et dejà à plier l'index, l'annulaire et l'auriculaire lorsque je remercie un automobiliste en articulant "je t'encule sec avec du gravier" plutôt que le "merci" habituel.
Quand je suis à pied, je me force à raser les murs, non pas pour chercher de l'ombre mais pour m'habituer à laisser passer ces cons de Parisiens hyper pressés qui n'hésiteraient pas à nous envoyer dans le décor moi, ma poussette et le bébé qu'elle contient.
Se déplacer en métropole relève en effet d'une lutte de pouvoir pour l'appropriation d'un espace ; le plus gros, le plus agressif a la plus grosse place alors que celle-ci devrait revenir au plus fragile qui présentement se retrouve à s'écorcher aux façades ternes des immeubles hausmanniens, poussé dans la frange par ses contemporains descendants d'Attila.
Fidèle à l'esprit du Tao, j'opterai pour la resistance passive. Avec l'armure de mes 12 couches de pull et de ma parka hyper rembourrée, je ne craindrai ni le froid ni les bousculades, ils pourront toujours me pousser, ils ne feront que rebondir sur ma moelleuse carapace.
Libellés :
les aventures de miette au pays des humains
lundi 3 décembre 2007
Putain quelle nuit !
Cette nuit, j'ai revé que je voyais un avion s'ecraser. Un petit avion qui perdait un morceau, son aile je crois. Puis un gros avion est arrivé et lui est rentré dedans. Alors le petit, il s'est completement disloqué, il est tout tombé en morceaux. Parmi les debris qui volaient, j'ai aperçu 3 personnes, un homme qui est allé s'ecraser au loin et deux femmes, dont une voilée. Elles sont passées très pres de moi, voltigeant comme des feuilles mortes. Je les ai regardées tomber, muette d'impuissance et de colère.
Après le crash, il y avait un monde fou devant ma case. Je suis sortie mais je n'étais qu'à moitié consciente. J'avais peur de perdre connaissance devant l'ampleur des dégats, peur d'attirer sur moi une attention que je ne méritais pas en défaillant alors que d'autres avaient tant besoin d'aide. Alors j'ai fermé la fenêtre. Je suis retournée à l'intérieur. Un interieur bas de plafond, sombre et delabré. Il n'y avait rien au mur, à part des lezardes et des taches d'infiltration d'eau. Quand j'ai voulu aller dans la chambre, j'ai aperçu sur la table de nuit brinquebalante, un genre de coleoptère enorme, tout noir et plus grand que ma main. Je suis ressortie effrayée.
Des tas de gens que je ne connaissais pas ont traversé mon salon. Ils avaient l'air de se sentir chez eux, c'est moi qui n'etait plus à ma place dans ma case.
Puis je me retrouvée dans la rue, le scarabée s'est approché de moi et j'ai pu distinguer à la lumière que c'etait un chien minuscule et très attendrissant. J'ai joué avec lui un instant. Mais comme j'etais assise au milieu de la rue qui traverse le village, il a manqué se faire écraser. Il y avait quelques personnes qui me regardaient, mais personne ne m'a rien dit.
C'est ce matin fort tôt que j'ai entrepris d'entamer cette rubrique. J'y raconterai mes rêves, ceux qui voudront bien passer le tamis du réveil. Je ne pouvais pas me défaire de la sombre atmosphère de celui que je viens de vous raconter, fallait que je partage ça avec vous.
Après le crash, il y avait un monde fou devant ma case. Je suis sortie mais je n'étais qu'à moitié consciente. J'avais peur de perdre connaissance devant l'ampleur des dégats, peur d'attirer sur moi une attention que je ne méritais pas en défaillant alors que d'autres avaient tant besoin d'aide. Alors j'ai fermé la fenêtre. Je suis retournée à l'intérieur. Un interieur bas de plafond, sombre et delabré. Il n'y avait rien au mur, à part des lezardes et des taches d'infiltration d'eau. Quand j'ai voulu aller dans la chambre, j'ai aperçu sur la table de nuit brinquebalante, un genre de coleoptère enorme, tout noir et plus grand que ma main. Je suis ressortie effrayée.
Des tas de gens que je ne connaissais pas ont traversé mon salon. Ils avaient l'air de se sentir chez eux, c'est moi qui n'etait plus à ma place dans ma case.
Puis je me retrouvée dans la rue, le scarabée s'est approché de moi et j'ai pu distinguer à la lumière que c'etait un chien minuscule et très attendrissant. J'ai joué avec lui un instant. Mais comme j'etais assise au milieu de la rue qui traverse le village, il a manqué se faire écraser. Il y avait quelques personnes qui me regardaient, mais personne ne m'a rien dit.
C'est ce matin fort tôt que j'ai entrepris d'entamer cette rubrique. J'y raconterai mes rêves, ceux qui voudront bien passer le tamis du réveil. Je ne pouvais pas me défaire de la sombre atmosphère de celui que je viens de vous raconter, fallait que je partage ça avec vous.
samedi 1 décembre 2007
Double vie...
N'avez-vous jamais revé comme Spiderman, comme Superman d'avoir une double vie ? Le jour journaliste ou je ne sais quel autre métier banal. Prof par exemple.
Le jour, vous faites le mariole devant des ado prépubères et forcément boutonneux qui vous regardent d'un oeil tour à tour torve, concupiscent, amusé, horrifié. Vous refaites le monde de l'education nationale en n'y croyant qu'à moitié avec vos collègues. Vous dites bonjour au facteur, vous tenez la porte à la vieille dame. Vous cherchez votre fils à la crèche. Vous essayez de faire un peu de sport to get in shape comme c'est écrit sur les pubs.
Et quand vient la nuit, vous vous transformez en je ne sais quoi d'excentrique, d'exotique, quelque chose qui vous fasse vibrer davantage que votre mission de service publique dont vous vous acquittez pourtant fort bien.
Moi, je serais chanteuse dans une boite de jazz, en robe noire fendue, l'oeil charbonneux et la bouche vermillon, une mèche de cheveux blonds coulant sur un coté du visage. J'aurais au pied de la scène une foule fumante, alcoolisée, mal rasée qui m'écouterait religieusement. Ouhhhh, j'en ai des frissons !
Eh bien j'ai connu quelqu'un qui menait une double vie. Il s'appelle Vincent, mais tout le monde l'appelle Enzo. Le jour, il est fleuriste, ou plutôt "artiste floral" comme il aime se definir lui-même. Il excelle dans son métier, cela lui permet d'investir dans des tenues et des perruques absolument incroyables qu'Enzo porte la nuit. Vous l'avez deviné, il est drag queen, notre brave fleuriste. Artiste jusqu'au bout des ongles. Alors que je le connaissais depuis quelques mois, je suis allé voir son show en discothèque. Il en parlait tellement, de façon si passionnée, que je ne doutais pas un instant que son exhibition fût exceptionnelle.
Direction donc un samedi soir à travers champs et forêts vers une boite miteuse qui devait s'appeler le Boy ou Chez Renato ou je ne sais quel nom un peu cliché, pour aller voir le show cosmique d'Enzo. L'intérieur de la boîte de nuit tenait les promesses de l'extérieur : éclairage qui se veut tamisé, ampoules qui diffusent une lumière verdâtre d'aquarium mal nettoyé, velours grenat pour les sièges, boule à facettes de marché aux puces. Bref, le lieu porte à la rêverie. Je m'installe donc au bar, commande un picon bière (il paraît que ça rend fou et j'ai toujours adoré cette idée) et me prend à rêver qu'entrent d'un pas chaloupé, sur la piste où tournoient des lumières multicolores, un sioux, un motard, un marin, un sherif (fais-moi peur), un ouvrier avec le tournevis entre les dents et bien sûr l'inenarrable moustachu à casquette vernie (ça revient à la mode, d'ailleurs). Au deuxième verre de ce délicieux breuvage du Nord dont en Alsace il existe une version appelée "Amer Bière", alors qu'en face de moi se trémoussent les Village People, qu'à côté deux ephèbes entreprennent de s'échanger leurs chewing gum, je vois arriver sur le dance floor un échalas entièrement recouvert d'une combinaison violette qui ne cachait rien de son anatomie. Il ondulait sur des talons vertigineux alors qu'à ses pieds se traînait une sorte d'esclave mi-homme mi-teckel par ses accessoires, et fort peu vêtu. La piste s'est vidée respectueusement, laissant la place à ce que j'avais fini par identifier comme mon brave artiste floral Vincent, euh Enzo. Saisie d'un fou rire irrépressible, j'ai immédiatement vidé mon verre, pour ne pas que ce pervers de barman y planque encore cinq exta supplémentaires et que je me mette à voir le lampadaire violet et son clebs en train de mimer un accouplement dantesque. Pas de bol ce soir-là, il avait dû avoir le temps de foutre des tas de saloperies dans mon fond de picon parce que c'est exactement ce que j'ai vu. Le clebard a commencé par simuler une fellation et d'autres caresses fort intimes à la brindille, puis cette dernière s'est pliée en je ne sais combien de morceaux (car elle était fort longue et je doute qu'il lui eût suffi de se plier en deux ) pour se mettre au niveau de son partenaire obligeant.
J'avais l'estomac en vrac, les pupilles un peu trop dilatées. Avant de me donner moi aussi en spectacle et tant que mes jambes me portaient suffisemment pour m'assurer une sortie de bipède plus ou moins digne, j'ai regagné ma voiture.
J'ai retraversé la campagne comme on traverse le miroir et je suis rentrée me coucher, pas tout à fait sure de n'avoir bu que deux verres, ni d'avoir vu ce que je croyais avoir vu.
Aujourd'hui encore, je doute et me demande si je n'ai pas revé cette soirée. C'est bien possible après tout. Monsieur Freud, s'il vous plait, restez bien au fond de votre tombeau et ne venez pas m'analyser ça.
Le jour, vous faites le mariole devant des ado prépubères et forcément boutonneux qui vous regardent d'un oeil tour à tour torve, concupiscent, amusé, horrifié. Vous refaites le monde de l'education nationale en n'y croyant qu'à moitié avec vos collègues. Vous dites bonjour au facteur, vous tenez la porte à la vieille dame. Vous cherchez votre fils à la crèche. Vous essayez de faire un peu de sport to get in shape comme c'est écrit sur les pubs.
Et quand vient la nuit, vous vous transformez en je ne sais quoi d'excentrique, d'exotique, quelque chose qui vous fasse vibrer davantage que votre mission de service publique dont vous vous acquittez pourtant fort bien.
Moi, je serais chanteuse dans une boite de jazz, en robe noire fendue, l'oeil charbonneux et la bouche vermillon, une mèche de cheveux blonds coulant sur un coté du visage. J'aurais au pied de la scène une foule fumante, alcoolisée, mal rasée qui m'écouterait religieusement. Ouhhhh, j'en ai des frissons !
Eh bien j'ai connu quelqu'un qui menait une double vie. Il s'appelle Vincent, mais tout le monde l'appelle Enzo. Le jour, il est fleuriste, ou plutôt "artiste floral" comme il aime se definir lui-même. Il excelle dans son métier, cela lui permet d'investir dans des tenues et des perruques absolument incroyables qu'Enzo porte la nuit. Vous l'avez deviné, il est drag queen, notre brave fleuriste. Artiste jusqu'au bout des ongles. Alors que je le connaissais depuis quelques mois, je suis allé voir son show en discothèque. Il en parlait tellement, de façon si passionnée, que je ne doutais pas un instant que son exhibition fût exceptionnelle.
Direction donc un samedi soir à travers champs et forêts vers une boite miteuse qui devait s'appeler le Boy ou Chez Renato ou je ne sais quel nom un peu cliché, pour aller voir le show cosmique d'Enzo. L'intérieur de la boîte de nuit tenait les promesses de l'extérieur : éclairage qui se veut tamisé, ampoules qui diffusent une lumière verdâtre d'aquarium mal nettoyé, velours grenat pour les sièges, boule à facettes de marché aux puces. Bref, le lieu porte à la rêverie. Je m'installe donc au bar, commande un picon bière (il paraît que ça rend fou et j'ai toujours adoré cette idée) et me prend à rêver qu'entrent d'un pas chaloupé, sur la piste où tournoient des lumières multicolores, un sioux, un motard, un marin, un sherif (fais-moi peur), un ouvrier avec le tournevis entre les dents et bien sûr l'inenarrable moustachu à casquette vernie (ça revient à la mode, d'ailleurs). Au deuxième verre de ce délicieux breuvage du Nord dont en Alsace il existe une version appelée "Amer Bière", alors qu'en face de moi se trémoussent les Village People, qu'à côté deux ephèbes entreprennent de s'échanger leurs chewing gum, je vois arriver sur le dance floor un échalas entièrement recouvert d'une combinaison violette qui ne cachait rien de son anatomie. Il ondulait sur des talons vertigineux alors qu'à ses pieds se traînait une sorte d'esclave mi-homme mi-teckel par ses accessoires, et fort peu vêtu. La piste s'est vidée respectueusement, laissant la place à ce que j'avais fini par identifier comme mon brave artiste floral Vincent, euh Enzo. Saisie d'un fou rire irrépressible, j'ai immédiatement vidé mon verre, pour ne pas que ce pervers de barman y planque encore cinq exta supplémentaires et que je me mette à voir le lampadaire violet et son clebs en train de mimer un accouplement dantesque. Pas de bol ce soir-là, il avait dû avoir le temps de foutre des tas de saloperies dans mon fond de picon parce que c'est exactement ce que j'ai vu. Le clebard a commencé par simuler une fellation et d'autres caresses fort intimes à la brindille, puis cette dernière s'est pliée en je ne sais combien de morceaux (car elle était fort longue et je doute qu'il lui eût suffi de se plier en deux ) pour se mettre au niveau de son partenaire obligeant.
J'avais l'estomac en vrac, les pupilles un peu trop dilatées. Avant de me donner moi aussi en spectacle et tant que mes jambes me portaient suffisemment pour m'assurer une sortie de bipède plus ou moins digne, j'ai regagné ma voiture.
J'ai retraversé la campagne comme on traverse le miroir et je suis rentrée me coucher, pas tout à fait sure de n'avoir bu que deux verres, ni d'avoir vu ce que je croyais avoir vu.
Aujourd'hui encore, je doute et me demande si je n'ai pas revé cette soirée. C'est bien possible après tout. Monsieur Freud, s'il vous plait, restez bien au fond de votre tombeau et ne venez pas m'analyser ça.
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